Philippe Vacher

Aujourd'hui, l'accent est mis...

"Aujourd'hui, l'accent est mis sur le processus, sur la possibilité de saisir plusieurs ordres. Dans la réception d'un message structuré de façon ouverte, l'attente implique moins une prévision de l'attendu qu'une attente de l'imprévu."
(Umberto ECO dans "L'oeuvre ouverte")

Les structures de grandes dimensions résultent de l'articulation d'éléments modulaires dans un espace donné. Leur lecture est séquentielle: d'une part l'oeuvre est discontinue; d'autre part, sa perception résulte de l'addition de multiples points de vue correspondant aux déplacements du spectateur.
Ces structures sont les résultantes d'une dialectique entre :

le conçu et le perçu :

entre la représentation mentale (plan) et ses différentes représentations spatiales (perspectives). L'oeuvre renonce à entretenir avec le spectateur un mode de lecture axé exclusivement sur un rapport frontal et arbitraire.

le continu et le discontinu :

entre la forme (l'apparence) et la structure interne (système d'éléments interactifs). La forme est une structure-évènement dans la mesure où elle est l'expression d'un champ de relations ayant ses propres qualités émergentes.

le fermé et l'ouvert :

entre les forces d'attraction (de cohésion) et de répulsion (de dé sintégration).L'oeuvre comme la matière se structure selon des exigences énergétiques contradictoires et complémentaires.

le concordant et le discordant :

le réseau de relations intègre des discordances, des facteurs aléatoires par lesquels l'ensemble est ouvert, est interactif avec d'autres ensembles, peut muter et se réactualiser. Par ailleurs, la problématique plastique est ouverte à un nombre non fini de combinaisons formelles. Il s'agit d'une remise en question de la pensée rationaliste.

"Joignez ce qui est complet et ce qui ne l'est pas, ce qui concorde et ce qui discorde, ce qui est en harmonie et ce qui est en désaccord." (HERACLITE)

Philippe Vacher – 1991