L'expression géométrique demeure un langage universel : les civilisations antiques et classiques ont réglé leurs modèles artistiques sur une géométrie disciplinant l'instabilité et le XXe siècle a épuré ce langage en lui donnant une force expressive propre.
Ce qualificatif situe le champ d'un langage plastique mais n'en définit pas suffisament la problématique.
Loin des orientations idéologiques ou puristes, mes recherches plastiques déclinent l'équilibre instable qui structure l'apparente cohésion du monde en utilisant des formes et des volumes élémentaire soumis à une gymnastique de la partition, de la déformation, du déséquilibre (surfaces rompues par des lignes de pliages ou des répartitions de valeurs contrastées, utilisation de perspectives discordantes, orientation dynamique des pièces...).
L'accent est mis sur la sensation optique d'instabilité par des interventions plastiques que je qualifierais d'évènements dynamiques sur des plans prenant l'apparence de volumes ou des volumes qui déclinent de nouvelles identités. Une lecture alternative ou séquentielle associe les pôles contradictoires mais complémentaire de la continuité- discontinuité, du positif-négatif, du plein-vide, de la présence-absence selon l'angle de perception. Lorsque plusieurs éléments sont mis en scène de façon aléatoire, leurs configuration rythmiques s'interpellent et dialoguent dans le champ spatial.
C'est le cas des "chorégraphie du carré" où les figures résultent d'une conjugaison de perspectives amplifiées par un jeu de couleurs, d'ombres matérialisées : chaque élément devient l'acteur d'une chorégraphie en apesanteur.
Cette problématique dynamisante n'altère pas la pureté originelle du langage géométrique. Elle lui confère une nouvelle vie, une nouvelle apparence dont l'élégance doit beaucoup à la sobriété et à la pertinence de chaque proposition plastique. L'évolution des sciences nous a enseigné la relativité de tout système de référence. Une oeuvre d'art est le contraire d'une équation formelle. Elle prend en compte le langage de la géométrie comme manière de jouer avec le monde en révélant ses équilibres dynamiques, subtils et fragiles.
"L'oeuvre est médiatrice entre les catégories abstraites de la science et la matière vivante de notre sensibilité."
(Umberto Eco - "L'oeuvre ouverte")