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Philippe Vacher

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Géométries paysagères

Il s'agit d'une série d'études en trois dimensions de fragments de paysages, d'impressions panoramiques où les horizons s'étirent, se bandent comme des arcs, où la linéarité est rythmée par les plans, leurs inflexions convexes ou concaves, les couleurs extrêmes du ciel, de la terre, de la mer : fragments de champs allumés par un ciel d'orage, océan blanc morcelé de la banquise... Vues saisies à la dérobée, comme les séquences d'un paysage infini ; vues plongeantes, obliques, avec une sensation de vitesse ou de vertige. Le paysage est en marche au long d'un voyage qui embrasserait tous les reliefs de la terre en livrant quelques indices, quelques réminiscences de formes façonnées par l'homme ou la nature ; un clin d'œil aux choses familières de notre jardin sensoriel, mais avec concision et ambiguïté : une sphère, un cône ne sauraient en aucun cas illustrer un astre ou une forme particulière d'architecture ; ce sont des substituts de la réalité, plus forts, plus prégnants dans notre conscience que leurs référents. Ils agissent comme les révélateurs d'une réalité fécondée par l'imaginaire.
Les mesures de la terre (géo-métries) prennent leur sens dans le hors mesure (la référence constante au hors champ), la liberté de leur découpage (échappant ainsi au scalpel du cadrage photographique) et les scansions qui rythment leur architecture (perçue comme l'addition d'éléments fragmentaires). Ainsi, chaque structure en appelle une autre, sollicitant une nouvelle perception ainsi que notre mémoire subjective. Une mémoire visuelle de la terre, de Gaïa, déesse aux multiples visages qui ne cessera jamais de nous fasciner.

Géométries paysagères Philippe Vacher – 2005